Vœux aux associations et aux personnalités

… » Intérêt général, dignité, solidarité, trois mots qui définissent notre identité, trois mots qui tracent les perspectives de l’année à venir, et résonneront en 2018. »…

Avant toute chose, la commune est un idéal. Il faut revenir à son esprit d’origine, au décret du 14 décembre 1789 de la Constituante, pour mesurer la volonté révolutionnaire et républicaine, de créer une autonomie communale. Cette société nouvelle exprimera un profond désir d’émancipation, et de construction collective de nos territoires, où chacun serait égal en droits, et où les problématiques qui nous entourent, seraient l’affaire de tous.

Comme le disait Jean Jaurès, le pari des fondateurs de la commune, c’est d’avoir eu assez « de confiance en la force de ses richesses, de ses lumières, de son grand esprit d’entreprise, pour se confondre, sans peur, dans la grande masse du Tiers-Etat ».

Je tenais aujourd’hui à rappeler le rôle indispensable qu’occupe la commune, dans la construction et consolidation du pacte républicain. Elle en est le réceptacle, la main tendue et le sédiment. Bâtir ensemble notre quotidien, agir sur le proche, et penser le plus lointain, partager les émotions et les difficultés, résister, se battre, vivre ensemble le présent, se projeter dans l’avenir et le futur cadre de vie de nos enfants.

La commune est le plus petit espace commun de notre République, mais c’est là où nos vies agissent, interfèrent, s’épanouissent. Elle est une rue, un logement, une école, un théâtre, un gymnase, un quartier, une enfance, un souvenir, une couleur, un rêve. Elle est aussi cette porte à laquelle on vient frapper, première porte de la République, celle qu’on ouvre sur un visage connu, celle dont on attend une réponse auprès de nos services publics de proximité. Il ne faut pas se le cacher, la commune est aujourd’hui fragilisée, menacée. On lui substitue une autre vision, marchande, comptable, technocrate. Le citoyen devient numéro de client, nos territoires zones de chalandises, l’habitat une bulle spéculative.

Où vont les communes ? Quel rôle vont-elles jouer ?

S’il y a bien une année pour se poser cette question, c’est aujourd’hui, c’est en 2018. Le paradoxe est là : on demande à nos villes de garantir la cohésion sociale, et on leur retire les moyens politiques, financiers et humains, d’y parvenir. Cette spirale dévastatrice est enclenchée depuis des années, depuis le désengagement continu, et quasi permanent de l’Etat, dans des domaines pourtant régaliens.

Un exemple parlant, parmi tant d’autres. L’éducation de nos enfants : la part des collectivités n’a cessé d’augmenter, passant de 14% en 1980, à 21,8% en 2000, et près d’un quart de la dépense totale, aujourd’hui.

Les mesures annoncées par le nouveau gouvernement, accélèrent encore ce processus de dévitalisation des collectivités territoriales, et plus particulièrement locales, dans un curieux retour au centralisme, à rebours des aspirations de nouvelles proximités. A nouveau 13 milliards d’euros d’économies nous sont demandés, pour les 5 ans à venir, alors que les budgets de nombreuses collectivités, sont déjà exsangues. Comment ne pas imaginer l’impact négatif sur l’investissement public, pourtant moteur pour les entreprises de proximité, le BTP et l’emploi ? Des contrats aidés rayés de la carte, 120 000 postes de fonctionnaires, dont 70 000 dans la territoriale, supprimés d’ici 2022.

Comment ne pas lire ici la volonté de l’Etat, d’imposer aux collectivités locales, la mise en place de services de proximité a minima, ou de céder au privé, certaines de leurs missions ? Et que deviendra le principe de libre administration des communes, lorsque la taxe d’habitation aura été supprimée, et que le versement de certaines dotations de l’Etat, sera conditionné de façon arbitraire, à la nature de nos politiques de proximité ?

Sous l’effet de l’ultra-libéralisme d’Emmanuel Macron, les nantis s’enrichissent, avec la suppression de l’ISF, quand les plus modestes payent la facture : perte de pouvoir d’achat, hausse de la CSG, casse du code du travail, synonyme de précarité généralisée. La réussite de quelques-uns au détriment du collectif, le 1er de cordée valorisé, quand tous les autres dévissent dans l’indifférence : peut-on appeler ça un modèle social ?

Car les coups pleuvent, non seulement sur les plus fragiles, mais sur les quartiers populaires aussi : réduction des APL, compensée par les HLM, restrictions budgétaires, pour les collectivités et les services publics.

A cette politique de la terre brûlée, s’est ajoutée la coupe brutale, l’été dernier, de crédits politique de la ville, sans préavis ni concertation. Au bas mot, 47 000€ en moins pour Vénissieux. Le gouvernement est en train de réinventer, sous nos yeux, la relégation territoriale.

Le scénario est déjà écrit : en réalisant des économies sur le dos des bailleurs sociaux, l’Etat fragilise l’ensemble du parc, en termes de constructions neuves, et de réhabilitation de l’existant. Ainsi, 54 000 logements neufs ne verront pas le jour, l’an prochain, et plus de 100 000 logements ne seront pas réhabilités, en France. On estime que 220 organismes seront dans le rouge, dès 2018. Face à la colère des élus, l’avant-projet de la future loi logement, prévoit déjà des ordonnances, pour court-circuiter le débat parlementaire. Passer en force sur un tel sujet, c’est digne d’une monarchie, pas d’une démocratie modernisée ! Alors que les familles peinent à trouver un toit, jamais un tel degré d’injustice sociale, n’avait été atteint. Sarkozy en a rêvé, Macron est en train de le faire !

Dans un tel contexte, le sens de l’intérêt général doit guider nos résistances, nos combats et nos envies. C’est cet intérêt général qui a fait notre histoire, lui qui fait avancer notre présent, lui qui tracera notre avenir.

Partons de nos atouts, de notre patrimoine populaire et industriel, du regain démographique, et de l’attractivité retrouvée de Vénissieux, pour prolonger la dynamique. Notre ville est une mosaïque. Ce n’est pas l’humain d’un côté, et l’urbain de l’autre, l’éducation, la culture ici, et la sécurité là, ce sont tous les leviers à actionner en même temps.

Je peux affirmer sans me tromper, que l’ensemble des partenaires économiques et institutionnels de Vénissieux, jouent le jeu, s’engagent, et s’investissent dans nos quartiers. Je les remercie tous, tant leur implication et leur fidélité, montrent leur sens des responsabilités, et servent la dynamique vénissiane. Je sais aussi que les habitants, le milieu associatif, et tous les acteurs de terrain, sont fiers de leur ville, qu’ils s’y impliquent avec passion. Le Grand Rendez-Vous de la Ville, à l’automne dernier, a été suivi par plus de 5 000 personnes. Ce succès, on peut utiliser le mot, résume à lui seul, l’envie vénissiane, une envie partagée, une envie collective.

Oui, le sens de l’intérêt général doit guider nos résistances, et nos combats. A Vénissieux, comme dans toutes les villes populaires, la bataille pour l’emploi est cruciale. Il n’aura échappé à personne, que la Métropole vient d’annoncer la création d’un campus industriel à Vénissieux, dans le cadre de la reconversion du site de Bosch. Nous savons que l’industrie innovante est un enjeu fort, et un enjeu d’avenir. Ce campus valorise notre territoire, il récompense aussi, les combats que nous continuons de mener, souvent seuls, bien trop seuls, face à un Etat qui ne cesse de capituler, devant l’enjeu industriel. Des grands groupes comme Peugeot, Pimkie, ont déjà annoncé profiter de la rupture conventionnelle collective, du nouveau code du travail, pour supprimer des centaines d’emplois. La casse continue, et c’est l’Etat qui l’entretient. Je ferme la parenthèse. Ce campus deviendra une vitrine de l’industrie du futur, à condition qu’il s’ouvre, et profite de l’expérience des industries existantes, qu’il les booste, et qu’il entre en résonance, avec les dispositifs de formation, d’insertion, qu’il crée de l’emploi, tout simplement. C’est un plus indéniable pour notre ville.

Mais se projeter vers l’avenir, ne signifie pas qu’il faut cesser de défendre nos savoir-faire existants. Avoir deux fers au feu, nous n’avons pas le choix. Nos politiques font tout, pour rendre attractifs nos territoires. L’extension du laboratoire Carso, dès 2018, et le prochain technicentre de la SNCF, qui accueillera 600 salariés, à l’horizon 2019, montrent qu’elles portent leurs fruits. Signe qui ne trompe pas, cent entreprises ont rejoint la Charte de Coopération, que la ville de Vénissieux a lancée, en 2015. Le chemin parcouru illustre notre volonté, de rapprocher les territoires des populations, notamment les jeunes du marché du travail.

A travers le PLU-H, nous avons étoffé, encore, le zonage d’activités économiques. Il faut amplifier ce combat, nos atouts sont majeurs, et pourquoi ne pas imaginer, à moyen terme, la présence d’un troisième cycle, qui viendrait consolider le triptyque éducation-formation-emploi à Vénissieux, 3ème ville du Rhône, de bientôt 65 000 habitants.

Il faut aider les jeunes, à mettre le pied à l’étrier, et c’est tout le sens de notre choix de transférer la Mission Locale, dans la Maison des Services Publics, plus accessible, et mieux exposée en termes de visibilité.

Je me souviens d’un temps, pas si lointain, où on ne voulait pas voir Vénissieux. Maintenant, on veut la découvrir et redécouvrir, on veut y vivre, on s’y intéresse de près. Nos politiques solidaires, sociales, de logement, culturelles, éducatives, ont déplacé le curseur vers l’avant. Elles ont donné l’impulsion, elles ont fixé un cap, et nous le tiendrons toujours, malgré les politiques libérales. Nous, ce sont les Vénissians bien sûr, les acteurs dont j’ai déjà parlé, et tous nos services publics de proximité. Je tenais à ce que le Grand Rendez-Vous valorise ces hommes, ces femmes, ces métiers indispensables, qui rapprochent les habitants et les territoires. Ils sont l’oxygène et le pouls de notre ville, ils en sont le socle, mais aussi la vitrine, tant Vénissieux a été récompensée de prix, nationaux ou locaux, ces dernières années.

Nos services publics de proximité seront à l’œuvre en 2018, avec cette mission de porter l’intérêt général, dans tous les quartiers, sans exclusive. Ils seront là, pour l’ouverture de la nouvelle cuisine centrale. Il y a dans cette réalisation toute la conviction de nos choix politiques. Garder la maîtrise publique d’un enjeu sanitaire, me paraît essentiel. Certains parlent de coût, je leur réponds investissement. Si vous externalisez, ou livrez au privé, des pans entiers de vos missions, quel levier vous restera-t-il, pour répondre demain, aux besoins des habitants, et garantir la primauté de l’intérêt général, sur les intérêts particuliers ?

Permettant d’augmenter la production de repas, jusqu’à 6 000 par jour, la nouvelle cuisine centrale livrera des repas de qualité, aux 42 restaurants scolaires, 7 crèches, 3 centres de loisirs, 2 résidences de personnes âgées, et un foyer soleil de Vénissieux. Deux tiers des enfants scolarisés dans nos écoles publiques, sont inscrits aujourd’hui à la restauration scolaire, et chaque jour, plus d’un enfant sur trois, bénéficie de ce service. Voilà pourquoi je parle d’investissement, voilà pourquoi ce qui nous guide, n’est autre que l’intérêt général. Cette nouvelle cuisine centrale s’inscrit dans une réflexion plus globale, avec la mise place de self-services, pour les élémentaires dans les groupes scolaires, que nous poursuivrons, dans les mois et années à venir. Renforcer l’accès au plus grand nombre est essentiel, quand pour beaucoup d’enfants, le repas à la cantine est le seul repas équilibré de la journée, à un prix l’un des plus bas de l’agglomération.

Dans le même esprit, 2018 sera marqué par les travaux de réhabilitation du groupe scolaire Louis Pasteur, inscrit à l’inventaire des Monuments historiques. Huit nouvelles classes vont voir le jour, pour un investissement de 2,25 millions d’euros, un investissement de taille, qui intervient après l’ouverture du groupe scolaire Flora Tristan, l’extension de Joliot Curie, et la réhabilitation de l’école Charréard. Là encore, nous pouvons parler de conviction et de détermination, tant l’éducation, l’épanouissement de tous les enfants, sans discrimination, constituent les fondations de l’avenir de Vénissieux, et d’une société éclairée. Il ne faut pas céder sur ce terrain-là, l’enfance, l’éducation, le sport pour tous, la culture, ne sont pas des valeurs marchandes, elles appartiennent à notre pacte municipal, à notre pacte républicain. Nos ambitions sont intactes.

En matière culturelle par exemple, le prochain renouvellement de la convention Scène Régionale Ville-Région, pour notre théâtre, ou encore une nouvelle programmation, pleine et entière de Bizarre, prolongent ce sillon, d’une ville de tolérance et d’ouverture d’esprit.

Le développement de Vénissieux, c’est le développement simultané, de tous nos territoires, sans exception. La notion de continuité territoriale, doit passer par la notion d’égalité, entre les différents espaces de Vénissieux. Il y a les quartiers prioritaires de la politique de la ville, mais aussi le Cœur de Ville, le développement, au nord, du boulevard urbain sud. La pose de la première pierre de l’opération Grand Parilly-Puisoz, au printemps 2018, sera, à n’en pas douter, l’un des événements-phares de l’année, à Vénissieux, et dans l’agglomération lyonnaise. Des grandes enseignes vont sortir de terre, dès 2019, mais également des logements, du tertiaire, des commerces de proximité, des services publics, car nous nous sommes battus, pour faire naître un vrai quartier de vie, pas un lieu de passage. Aujourd’hui encore, je défends, auprès de l’ARS, le projet d’installation d’un EHPAD, et de différentes professions médicales.

L’accès aux soins est devenu un sujet prioritaire, car les inégalités, là encore, se creusent, alors que ce droit doit rester universel, et inaliénable.

L’opération Grand Parilly-Puisoz, est un programme de grande ampleur, une vitrine aussi, qui va nous tirer par le haut. Nous travaillons avec Pôle Emploi et nos partenaires, pour favoriser les opportunités d’emplois, et nous avons déjà passé près de 60 000 heures de clauses d’insertion, à cette occasion. Enfin, une maison du projet ouvrira ses portes en septembre 2018, pour accompagner et associer les Vénissians, à la réalisation du Grand-Parilly-Puisoz. Je ne conçois pas l’aménagement de Vénissieux, sans les mots de dignité et de solidarité. Une convention de site sera signée avec nos partenaires, pour toutes les opérations de rénovation urbaine, Minguettes-Clochettes, qui nous projettera à l’horizon 2030.

La Sacoviv lancera son vaste et ambitieux programme de réhabilitation. Avec le Couloud à l’automne 2018, soit 220 logements, d’un montant de 12,5 millions d’euros, intégrée au protocole du programme national pour la rénovation urbaine. Puis le Monery (286 logements) au printemps prochain, d’un montant de 12 millions. Enfin, 400 logements sociaux verront le jour en 2018 et 2019.

Intérêt général, dignité, solidarité, trois mots qui définissent notre identité, trois mots qui tracent les perspectives de l’année à venir, et résonneront en 2018. Construire notre ville ensemble, c’est construire une ville, où chaque droit est respecté.

Le droit à la sécurité est le garant de nos libertés. Les agressions dont sont victimes les forces de l’ordre et les pompiers, en France, sont intolérables et inacceptables. Elles exigent des réponses fermes et exemplaires, sans équivoque aucune. Vous le savez, nous travaillons avec sérieux, loin de tout angélisme et de démagogie, à la cohérence de tous nos dispositifs, avec l’ensemble de nos partenaires. Le Grand Rendez-Vous est venu souligner cet engagement permanent.

Le droit à la démocratie participative, doit lui aussi être renforcé, et pensé, comme l’un des leviers de la ville de demain. Les élections des conseils de quartier, en décembre dernier, avec une participation qui a doublé, montrent que les Vénissians veulent s’emparer des projets de leur ville.

Nous avons toujours défendu une certaine idée de la commune, proche des habitants, à leur service, à leur écoute. C’est cet esprit que nous défendons dans la Métropole, notre ville y occupe toute sa place, et y mène des combats, dans l’intérêt de Vénissieux, des Vénissians, et pour une pratique toujours plus démocratique.

Enfin, et je veux insister sur ce point, le droit à la dignité doit, plus que jamais, nous rassembler. J’entends les discours du libéralisme, qui invitent à ne plus combattre la pauvreté, mais les pauvres, à ne plus combattre le chômage, mais les chômeurs.

Des mots qui divisent, et qui fragilisent le corps social. J’y oppose au contraire, cette volonté d’avancer, en additionnant les différences et les compétences. Notre force est collective. Elle réside dans nos services publics, qu’il faut défendre coûte que coûte. Elle réside dans la volonté de ses habitants, dans l’engagement et le sens des responsabilités, de tous nos partenaires, ici présents. Elle est dans la générosité, et la pluralité de ses associations. Fière de son histoire, Vénissieux sait d’où elle vient, et elle ne s’égarera pas en route.

Fière de son parcours, Vénissieux sait où elle veut aller, et elle ne se trompera pas de chemin. La solidarité, la dignité, et l’intérêt général, nous guident et nous regardent. Nous saurons, en 2018, les servir dans tous les territoires, et auprès de toutes les générations. Je vous souhaite, à toutes et à tous, une très bonne nouvelle année, à titre individuel, professionnel, et au nom du bien commun qui nous habite, et nous passionne : Vénissieux.

Je vous remercie.

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