Repas des personnes âgées et retraités de la Ville

2015 aura été marqué par deux événements dramatiques, d’une violence inouïe. Aux attentats de janvier contre la liberté d’expression, la laïcité, contre une épicerie casher, ont répondu les attentats du 13 novembre, contre notre jeunesse, contre l’émancipation par la musique, contre notre art de vivre, et notre soif de liberté. J’imagine combien le bruit des armes a dû réveiller de cruels souvenirs, et fait resurgir de tristes échos, parmi les générations qui ont connu la guerre.

Lors de l’hommage de notre ville aux victimes du 13 novembre, j’ai insisté sur le fait de répondre à cette barbarie, en restant, les uns et les autres, plus soudés que jamais.

Vivre ensemble. Voilà le mot-clé, il est celui qui rendra la France et la société plus fortes, face à des tragédies, plus fortes dans le partage de notre quotidien, de notre ville.

Vivre ensemble, il ne faut pas entendre ce mot sous le seul angle du respect entre des religions différentes, entre croyants et non-croyants, mais aussi nous, entre les générations, entre nos diversités culturelles. Penser à l’enfant pour penser à l’aîné. Aider l’aîné pour aider l’enfant. L’expérience des uns et l’énergie des autres.

Le vivre ensemble, comme addition des différences et addition des générations, le vivre ensemble, comme courroie de transmission.

Ce ne sont pas des mots faciles que j’utilise ici, mais une volonté politique, qui place l’humain au cœur de nos priorités, et qui n’entend laisser personne au bord de la route. Cette volonté est le fil rouge de toutes les équipes municipales qui se sont succédé, depuis 80 ans.

Voilà pourquoi je ressens un plaisir toujours intact, année après année, à venir participer aux repas des personnes âgées.

C’est un moment où l’on se parle, où l’on s’écoute, où l’on échange grandes et petites histoires, où l’on partage du temps, ce temps qui n’est pas autre chose, que la mémoire partagée de Vénissieux et des Vénissians.

J’ai souvent l’occasion de dire « être retraité », ce n’est pas « être en retrait » de sa ville, des activités de loisirs, culturelles, sportives. Je sais aussi l’attention que vous portez à votre ville, à son développement, aux grands projets qui l’animent. Nous avons toujours privilégié l’autonomie des personnes âgées, pour justement garder ce lien entre nos aînés, et tout ce que notre ville peut offrir de service.

L’Office Municipal des Retraités, dont je salue le travail, est l’une des chevilles ouvrières de ces dispositifs. Notre Ville lui attribue une subvention de 30 000 euros, met à disposition des animateurs, un responsable, des foyers du temps libre.

Les animations en direction des résidents sont organisées 4 jours par semaine, avec le renfort animation 3ème âge, des sorties sont organisées.

L’opération « Lecture pour tous », en partenariat avec la Médiathèque, permet le prêt de livres pour les résidences. Plus de 350 ouvrages ont été prêtés à quelque 130 personnes, depuis le début de l’année. C’est un beau succès.

Mais plus encore, il faut venir dans tous nos équipements culturels, sportifs également, à des tarifs avantageux, car le 3ème âge permet, aussi, le temps de la curiosité, de la découverte, de l’initiation. Il faut en profiter pour aller aux Ateliers d’Arts Plastiques, au Théâtre, au Cinéma Gérard Philipe, à la Médiathèque Lucie Aubrac ou ailleurs.

Le fruit de nos politiques de proximité, des politiques de proximité progressistes depuis 80 ans, est au service de toutes les générations, des enfants, des jeunes, comme des moins jeunes.

L’autre priorité de la ville de Vénissieux, c’est la santé, enjeu capital pour tous les retraités, à l’heure où l’accès aux soins, un droit universel pourtant, devient de plus en plus difficile.

Aujourd’hui, nos aînés consacrent en moyenne 90€ par mois, soit 5,8% de leurs revenus. En 2020, les dépenses santé pour les retraités, devraient représenter près de 10% de leurs pensions. Déremboursement des médicaments, augmentation des forfaits hospitaliers, hausse de la taxe sur les mutuelles : ces dernières années, les seniors mettent de plus en plus souvent la main à la poche, et ce n’est pas acceptable.

La Ville a mis en place des dispositifs, pour aider tous nos aînés. En 2014, 160 personnes ont bénéficié d’aides à domicile, soit l’équivalent de 2 000 heures par mois d’aides, assurées par le service. 111 personnes profitent du portage de repas. Le nombre de repas livrés est en forte augmentation : plus de 16 000 en 2010, plus de 24 500 en 2013, pour atteindre 28 000 en 2014. 11 personnes sont inscrites à l’accueil de jour, et 76 patients ont bénéficié, depuis le début de l’année, de soins infirmiers à domicile.

Au sujet de l’accueil de jour, une réflexion est en cours pour para-médicaliser ce service, afin de mieux répondre aux besoins.

Cet été, le plan canicule a été activé à plusieurs reprises, en juin et juillet. 700 personnes, quotidiennement, ont été appelées ou visitées, lorsque le niveau 3 a été activé par la Préfecture.

Vous connaissez bien sûr nos deux résidences Ludovic Bonin et Henri Raynaud, leurs restaurants, celui du Moulin-à-Vent, ouverts aux résidents, mais aussi à toute personne âgée. Les deux EHPAD, la Solidage et les Tulipiers, répondent, eux aussi, à des enjeux sanitaires que notre ville a pris en compte et anticipés. Les Tulipiers, qui a ouvert ses portes, offre 84 places d’hébergement, dont 14 places d’accueil Alzheimer.

Vénissieux est une ville jeune, mais c’est aussi une ville, où le nombre de personnes de 75 ans et plus, est en augmentation : de 4% à 7% depuis le début des années 2 000.

Nous prenons en considération cette évolution, mais la prise en charge des maladies dégénératives, notamment d’Alzheimer, doit relever de la solidarité nationale, sans quoi, les inégalités entre les familles s’aggraveraient une nouvelle fois.

La santé, mais aussi le logement, autre sujet d’inquiétude et de difficultés croissantes, pour les retraités. Nous subventionnons 25 dossiers, pour faciliter l’adaptation des appartements, notamment l’installation de douche.

Et nous avons mis en place une commission personnes âgées, pour tenir compte des spécificités de la perte d’autonomie, dans les attributions de logement. Quand vous touchez 800 euros de pension de retraite, comment voulez-vous faire face au coût de la vie, à des loyers qui ne cessent de grimper ? C’est à cette réalité que les politiques de l’Etat devraient s’attaquer, en décrétant le logement comme grand chantier national.

Et puisque nous sommes ensemble, il y a les festivités de fin d’année. L’attention portée à nos aînés, des gestes forts et solidaires, ne date pas d’hier.

A Vénissieux, le bureau de bienfaisance, devenu ensuite le bureau d’aide sociale, va distribuer aux plus de 65 ans, dès 1954, un bon de 500 francs et 50 kilos de pommes de terre. Cette année, 4 450 colis vont être distribués le 17 décembre, sur huit sites différents. Le nombre de personnes inscrites pour les repas de fin d’année, est de 1 222. Ces chiffres forment une cohésion, ces chiffres agissent comme une photo, la photo d’une grande famille Vénissiane, réunie et heureuse d’être ensemble.

Ces fêtes 2015 vont avoir lieu alors que les politiques d’austérité, que je dénonce, aggravent les difficultés de très nombreux Vénissians.

Chute du pouvoir d’achat, précarité énergétique, économies sur la nourriture, sur l’utilisation de l’eau chaude, depuis des années, bon nombre de retraités ne parviennent plus à joindre les deux bouts. Il s’agit de survivre plutôt que vivre.

A ce quotidien déjà âpre, d’autres frustrations affectives, du cœur, s’additionnent : ne plus pouvoir aider financièrement ses enfants, du moins à la hauteur qu’on aimerait, réduire les étrennes à ses petits-enfants, c’est bien souvent le lot de grands-parents.

A cela, s’ajoutent les coupes drastiques de l’Etat, à l’égard des collectivités territoriales.

Le budget de notre ville va perdre 7 millions d’euros, d’ici 2017, c’est considérable et sans précédent.

Déjà, certaines villes réduisent leur investissement, rabotent leurs missions de service public, suppriment des postes, comme les Atsem par exemple.

Comme toutes les villes, Vénissieux va devoir faire face à des choix cornéliens, mais notre volonté est de maintenir nos politiques de proximité, car ce sont elles qui renforcent le vivre ensemble, elles encore, qui rapprochent les générations et les quartiers, elles qui profitent à toutes les classes d’âge, de nos crèches à nos maisons de retraite.

Notre ville est une ville qui s’est construite dans le temps, qui a su traverser des épreuves, se relever, et qui a, quelle que soient les circonstances, toujours su avancer. Toutes les générations ont apporté leur pierre à l’édifice, toutes ont contribué à sa dynamique actuelle, c’est pourquoi Vénissieux a toujours considéré ses aînés, comme des citoyens à part entière.

Comme chaque année, ce moment des repas est l’occasion de vous adresser le respect et l’amitié que l’on vous porte. Je souhaite à chacun de vous, à vos familles et à vos proches, de très chaleureuses fêtes de fin d’année.

Je vous remercie.

X