Nelson MANDELA, un juste entré dans l’histoire

… »En faisant scintiller notre lumière, nous offrons aux autres la possibilité d’en faire autant »…

6 décembre 2013 – Retrouvez la déclaration de Michèle Picard, suite au décès de Nelson Mandela.

Nelson Mandela vient de s’éteindre. Tous les hommes et les femmes épris de liberté et luttant contre le racisme ont été touchés en apprenant hier soir la nouvelle de sa disparition. L’émotion est partagée sur tous les continents, à l’image du rayonnement international acquis par cet homme unique et exemplaire.

L’Afrique du Sud a perdu un père, un guide, les citoyens que nous sommes ont le sentiment d’avoir perdu le dernier grand homme politique de ce siècle. Grand, dans la mesure où le destin d’un individu a forgé et changé le destin d’une nation. Politique, car tout chez lui était viscéralement politique : sa couleur de peau déjà, par la force des choses, son parcours, son engagement, son incroyable force intérieure, son charisme, sa capacité insoupçonnable de résilience. Tout au long de son combat non-violent, Nelson Mandela n’était pas sans nous rappeler l’image de Gandhi, deux hommes de tolérance et de respect, deux hommes de conviction, persuadés que le temps et la patience finiraient par triompher des injustices, du colonialisme pour l’un, d’un régime raciste et discriminatoire pour l’autre.

Chacun de nous gardera en mémoire, son combat pour la liberté et l’égalité, ses actions non-violentes contre l’apartheid aux côtés de ses amis, au sein de l’African National Congress.

Ni la répression, ni la clandestinité, ni les 27 années d’emprisonnement n’auront eu raison de son engagement. Plus de 9800 jours de détention, dont une grande partie à Robben Island : Mandela n’est plus un nom mais un matricule, numéro 46664. Il faut une volonté hors du commun pour ne pas céder à la résignation, au désespoir, il fera preuve au contraire de détermination, de courage et d’une très grande intelligence.

Le 11 février 1990, comme toute une génération, j’entends encore ces mots raisonner dans tous les médias : Mandela est libre ! L’homme que l’on voulait briser vient de mettre à terre un régime ignoble et raciste. L’année d’après, l’apartheid est aboli. En 1994, les premières élections libres sont organisées. Le 10 mai 1994, Mandela devient le premier président noir d’Afrique du Sud. Le chemin parcouru est immense. L’Afrique du Sud réconciliée lui doit beaucoup, la guerre civile et le bain de sang ont été évités grâce, aussi, à la clairvoyance du président de l’époque, Frederik De Klerk.

Les deux hommes sont dépendants l’un de l’autre, menacés, ils veulent bâtir plutôt que se venger, ils veulent donner naissance à une nouvelle Afrique du Sud, démocratique et multiculturelle. Ils y parviendront même si, encore aujourd’hui, des tensions et des discriminations sociales demeurent, même si l’équilibre reste encore fragile.

Je conclurai par une phrase,extraite de son discours d’investiture le 10 mai 1994 : « En faisant scintiller notre lumière, nous offrons aux autres la possibilité d’en faire autant ». Et je voudrais adresser mes pensées au peuple sud-africain, qui doit se sentir orphelin, à tous ceux qui ont lutté contre l’apartheid et, plus personnellement, à Bruce Clarke, un complice, un plasticien engagé, un militant de la première heure.

Avec ses mots, avec sa sérénité, Nelson Mandela nous lègue un espoir et nous fait croire en l’homme. Ni une icône, ni une légende, mais un exemple pour toutes les générations.

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