Mise en place d’une commission Laïcité et Vivre ensemble

Il y a des principes qui interdisent et des principes qui protègent. La laïcité est un principe qui protège. En 2015, nous fêtons le 110ème anniversaire de la loi de 1905, fruit d’un très long combat.

« La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public. » Tel est l’article 1er de la loi de 1905, fruit d’un très long combat, et dont on marque aujourd’hui le 110ème anniversaire.

Pourquoi revenir aux racines de la loi, et surtout à l’esprit de la loi, qui compte presque tout autant que le texte ? A force d’être instrumentalisée, caricaturée, et de faire l’objet d’amalgames et de confusions, on a fini, je le crois, par perdre l’essence même du principe de laïcité, ou du moins par se méprendre. Laïcité à la française, laïcité de combat, laïcité contraignante, nouvelle laïcité, laïcité positive, de quoi parle-t-on au juste ?

Alors, je le dis et je le répète : il y a des principes qui interdisent et des principes qui protègent. La laïcité est un principe qui protège. Elle ne stigmatise pas, elle offre un cadre de respect et de tolérance, entre l’espace privé et l’espace public, elle garantit la liberté de culte, sans prosélytisme, et le respect mutuel entre croyances et convictions, entre croyants et non croyants, entre les confessions elles-mêmes. Elle renforce la liberté de conscience, au cœur de l’égalité républicaine. La loi de 1905 ne combat pas la religion, quelle qu’elle soit. L’opinion spirituelle relevant de la conscience individuelle, elle en empêche par contre l’influence dans les espaces politiques, administratifs, publics, comme l’école bien sûr.

La naissance de cette commission laïcité et vivre ensemble, ne surprendra personne. Elle figurait en effet dans le contrat communal que nous avons présenté, lors des municipales de mars 2014 et pour lequel, je le rappelle, les Vénissians avaient majoritairement voté. Ce rappel chronologique a une importance. La commission n’est pas née sous le coup de l’émotion des attentats du 7 janvier 2015, événements tragiques au cœur desquels, la liberté d’expression, la laïcité et l’antisémitisme, étaient clairement visés.

Nos inquiétudes et notre volonté d’agir lui étaient antérieures, comme elles étaient antérieures à la barbarie du 13 novembre. Cette sombre actualité montre en tout cas, combien la question du vivre ensemble est devenue un enjeu central et crucial, dans notre société.

La commission « laïcité et vivre ensemble » comprendra trois collèges. Elle sera un lieu de débat, de réflexion, de sensibilisation et de valorisation des actions entreprises, en faveur la laïcité. Sa dimension est pédagogique bien sûr, mais ancrée dans le quotidien et sur le terrain. Laïcité et vivre ensemble dans les secteurs de l’éducation, de la petite enfance, du sport, de la culture, de la relation avec les services municipaux, partout le même souci : comment renforcer le vivre ensemble, le respect de l’autre, dans des lieux et des espaces qui fondent le pacte républicain, sans exclusive ni ostracisme, mais un et indivisible.

Je citerai pour finir cette phrase de Régis Debray, tant elle illustre à mes yeux l’esprit qui anime notre commission : « La laïcité n’est pas une option spirituelle parmi d’autres, elle est ce qui rend possible leur coexistence, car ce qui est commun en droit à tous les hommes doit avoir le pas sur ce qui les sépare en fait ».

Je vous remercie.

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