La France de l’opulence

19 avril 2013

Pour évacuer la pauvreté de la conscience publique, vous connaissez sans-doute la formule qui consiste à dire que si les pauvres sont pauvres, c’est évidemment de leur faute…

19 avril 2013

« Le déséquilibre entre les riches et les pauvres est la plus ancienne et la plus fatale des maladies des républiques» Plutarque

Pour évacuer la pauvreté de la conscience publique, vous connaissez sans-doute la formule qui consiste à dire que si les pauvres sont pauvres, c’est évidemment de leur faute. Ils seraient trop féconds, trop fainéants, insuffisamment formés, fraudeurs, une charge pour la société… Toute forme d’aide publique en direction des pauvres serait un mauvais service à leur rendre. Elle produirait un effet pervers qui ne les inciterait pas à travailler.

L’ancien pouvoir avait même eu l’affront de répandre l’idée qu’il y aurait de profiteurs parmi les pauvres, des fainéants vivant des allocations familiales et se nourrissant de la solidarité nationale.

Qui peut croire à une telle ineptie ? Qui peut croire que les pauvres préfèrent l’assistanat à un travail ? Comment alors ne pas faire le parallèle entre ceux qui luttent chaque jour pour joindre les deux bouts et la France de l’opulence, celle qui, depuis 2003, verse chaque année aux actionnaires, des montants bien plus importants que ceux qu’elle investit dans ces mêmes entreprises ?

Comment ne pas faire le parallèle avec Liliane Bettencourt, la personne la plus riche de France dont la fortune s’élève à 23 milliards d’euros, suivie de très près par Bernard Arnault ; François Pinault, Serge Dassault, Alain et Gérard Wertheimer, Xavier Niel, Jean-Claude Decaux, Emmanuel Besnier, Pierre Bellon et Vincent Bolloré viennent compléter la liste des milliardaires de notre pays. Jamais notre pays n’aura abrité autant de riches.

En matière fiscale, les entreprises du CAC 40 ne paient parfois pas d’impôts sur les bénéfices. Entourées de fiscalistes de haut vol, elles multiplient, en toute impunité, les mécanismes pour échapper à cette charge. Celles qui n’arrivent pas à s’y soustraire ne paient que 8 % d’impôts tandis que les PME/PMI, les employeurs les plus nombreux de France, paient entre 13 et 30 % d’impôts sur les sociétés. Les grands patrons de ces entreprises du CAC 40 ont, quant à eux, des salaires proprement indécents. L’exemple de Maurice Lévy (Publicis) est significatif : en 2011 il a gagné 19,6 millions d’euros soit 53 700 euros par jour. C’est une aberration économique d’autant que 4 millions de Français vivent avec moins de 26 € par jour !

Face à l’explosion de la misère sociale, lorsque les droits inscrits dans la Constitution ne sont pas respectés ou sont bafoués, il n’est plus possible de laisser prospérer tranquillement ces nantis pendant que d’autres vivent dans le dénuement le plus total et peuvent difficilement se nourrir, se loger, se soigner ou se chauffer.

Pendant que certains s’enrichissent tout en dormant, on continue d’expulser ! En 2011, il y a eu plus de 158 000 procédures d’expulsions, une augmentation de 8 % par rapport à 2010. En termes d’exclusion, de santé et de détresse psychologique, les dégâts sont immenses. Plus de 11 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté. De plus, la dépense sociale est nettement supérieure à la dette elle-même, bien plus coûteuse que le maintien des personnes dans leur logement !

Le capitalisme est la première cause de la pauvreté. Il porte en lui une logique implacable qui place l’argent, les profits, les dividendes et les actionnaires en tête de ses préoccupations. Il maintiendra, envers et contre tout, sa position et tant pis si les droits humains et les emplois s’émoussent, tant pis si la jeunesse est abandonnée, tant pis s’il laisse, sur le bord du chemin, les plus vulnérables d’entre nous.

L’austérité n’est pas une fatalité. Le changement social est urgent, il y va de l’intérêt général. Il est temps que l’humain s’émancipe du joug de la finance et reprenne le pouvoir sur sa vie.

 

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