Journée défense et citoyenneté

Le 6 octobre – Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD, lors de la clôture de la Journée défense et citoyenneté, mercredi 5 octobre 2011

Le 6 octobre

Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD, lors de la clôture de la Journée défense et citoyenneté, mercredi 5 octobre 2011.

S’engager, participer, se responsabiliser, se mobiliser. Ce sont des verbes simples, mais ce sont ces verbes qui renforcent la démocratie.

La liberté d’expression, de circulation, la liberté du vivre-ensemble ne se consomme pas, ne s’achète pas, elle s’obtient, elle se défend. Croire que la citoyenneté relève de l’inné est une erreur, c’est aussi un apprentissage, des droits et des devoirs à connaître, qui se transmettent de génération en génération. C’est peut-être à ce niveau-là que le lien entre l’individu et les structures collectives, qu’elles soient politiques, syndicales ou associatives, s’est le plus dilué. Sous l’effet de la crise et de l’atomisation de la société, l’intérêt particulier s’est substitué à l’intérêt général, et l’héritage de la citoyenneté ne s’opère plus aussi naturellement qu’auparavant.

Cette journée, sur le thème de la citoyenneté, est là pour nous rappeler que rien n’est acquis en la matière, qu’il faut mobiliser la jeunesse sur cette question essentielle : la démocratie a besoin d’elle, le débat et la chose publique également.

La crise morale et civique que traverse notre pays, doit nous alerter à plus d’un titre. Abstentions record dans les urnes, défiance envers la politique, sentiment de dépit et de résignation : ces signaux sont très inquiétants. Notre devoir est de sensibiliser la jeunesse, sur les périls que provoquerait un abandon du pacte républicain. Il faut y travailler tous les jours, à l’école, en famille, auprès de ses camarades, dans les associations, à travers la volonté et la mobilisation des services de l’Etat.

Ce bien que nous possédons, la liberté de s’exprimer, de voter, est un bien précieux, mais aussi fragile. Le 20ème siècle nous a montré qu’ici même, en France, la République avait vacillé sous les coups de boutoir des populismes, des extrémismes et des haines raciales. La nature a horreur du vide, et l’Histoire, si elle ne se répète pas, sait parfois bégayer. C’est à travers notre attachement à l’idéal républicain, à travers notre participation au débat public, que nous ferons reculer les replis identitaires, les communautarismes et l’intolérance. A ce titre, l’idée d’un service civique est une piste à explorer. Elle permettrait de renouer collectivement avec l’idée d’appartenance à une histoire commune, à une culture partagée, et à un objectif à atteindre ensemble.

Qu’est-ce que la citoyenneté ? J’ai l’habitude de dire qu’elle n’est pas un but, mais un état. Pour les jeunes que vous êtes, la citoyenneté est autour de vous, parmi vous. C’est dans vos collèges, vos lycées, dans une association ou un club, qu’elle prend forme. C’est à travers les idées, les échanges et la diversité de vos opinions, de vos visions, que l’appartenance à la société, et au monde qui vous entoure, se crée naturellement.

A condition, et à condition seulement, de vous engager, de vous impliquer, d’aller au-delà de l’activité proposée. Je prends souvent un exemple concret, qui parlera, je le crois, à chacun de vous. La vie d’un club ne s’arrête pas à la fin d’un match. Comment rendre pérenne ce club que vous aimez, comment le faire évoluer, quel secteur ou structure faut-il renforcer : c’est aussi cela la vie d’une association, ça dépasse le strict cadre de l’activité, ça demande de l’attention, des mobilisations, des engagements, voire, pourquoi pas, des actes militants.

Le premier pas vers la citoyenneté, il s’effectue souvent là, au plus près des réalités, dans l’appartenance à la vie sociale, à la collectivité. La Journée Défense et Citoyenneté s’inscrit dans cette démarche, d’être un acteur citoyen responsable de ses droits, et de ses devoirs. Dans une société aussi complexe que la nôtre, où les repères sont flous et le sens des valeurs confus, il faut remettre au premier plan la nature civique et morale de nos actes. La ville de Vénissieux a fait de la citoyenneté, un enjeu majeur de son pacte communal. Je suis très sensible sur ce sujet, car je sais que les crises morales sont tout aussi dangereuses que les crises économiques ou sociales.

Tous les ans, une cérémonie de remise de carte électorale est organisée dans notre maison de la République. Mesure symbolique à laquelle on tient, car le passage à la citoyenneté n’est pas un moment anodin. Nous avons également mis en place des structures et des moyens pour mobiliser les jeunes Vénissians, pour les sensibiliser à la vie de leurs quartiers, au développement de leur ville. Il y a les conseils de quartiers, créés en 1989 bien avant la loi Vaillant de 2002, que vous connaissez tous, et dont on renouvelle à la fin de l’automne les délégués. Il y a, et c’est une nouveauté, la création d’un conseil municipal enfants, qui devrait être opérationnel dès septembre 2012.

Et puis, il y a aussi les EPJ, nos équipements publics, culturels, et toutes les campagnes de sensibilisation que nous organisons, avec nos partenaires : l’Éducation nationale, le Grand Lyon, la CCI, le Pôle Emploi. Ce sont des espaces de paroles, de connaissances, ouverts à la jeunesse et à sa prise de participation active.

La démocratie de proximité à Vénissieux n’est pas une promesse, c’est notre engagement, concret et structuré, pour renforcer le vivre-ensemble, la cohésion sociale, et partager ensemble le devenir de notre ville.

Je le dis aux jeunes qui sont ici présents : emparez-vous de ces outils, emparez-vous des projets de société, de développement, d’aménagement qui touchent à la fois votre quotidien et votre proche environnement.

La citoyenneté, c’est appartenir au monde d’aujourd’hui, et vouloir aussi le changer, le transformer. En un mot, ne laissez pas aux autres le soin de le construire à votre place.

Je vous remercie.

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