Journée de la Laïcité

Il y a des principes qui protègent, et d’autres qui interdisent. La laïcité est un principe qui nous protège.

Hier matin, la Médiathèque Lucie-Aubrac accueillait 21 classes de 8 écoles différentes, près de 420 enfants, avec les élus du conseil municipal enfants. Cette année, les délégués départementaux de l’Éducation Nationale ont proposé aux élèves des écoles vénissianes, et aux élus du CME, de créer le calendrier perpétuel de la Laïcité. Une façon ludique de revisiter, par les arts graphiques, la charte de la laïcité. Un grand bravo aux enfants pour l’ensemble de leurs créations et de leurs réalisations, pour la force de leur imaginaire. Leurs calendriers de la Laïcité seront exposés à la Médiathèque, du 9 au 17 décembre 2021.

La France a inscrit le principe de laïcité dans sa constitution. En Europe, d’autres régimes existent, concordataires, comme en Italie, de religion d’état, comme dans les pays nordiques, ou de principe de séparation des églises et de l’Etat, comme dans notre pays, au Portugal ou dans certains pays de l’Est. La France se différencie donc des autres pays, dans l’inscription du principe de laïcité au cœur de sa constitution. Ce choix a une signification profonde.

Notre organisation de la société est le fruit d’une volonté, inscrite à travers les siècles, et des combats politiques en France, qui figure dans le préambule de la constitution du 4 octobre 1958. L’article 1er le stipule : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la Loi, de tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée. »

La laïcité, un principe qui nous protège

Avons-nous cru, inconsciemment ou pas, que la laïcité était définitivement acquise, gravée dans le marbre ? Avons-nous su faire preuve d’assez de pédagogie ? Avons-nous su expliquer ce qu’étaient le principe de laïcité, et son sens profond, dans l’organisation de notre société ? Avons-nous fait preuve de négligence ? En un mot, avons-nous été assez  vigilants à ce sujet, notamment dans notre capacité à transmettre des valeurs de tolérance et d’ouverture d’esprit ?

Il faut se poser ces questions. Elles sont saines, à la lumière d’une laïcité que certains ont instrumentalisée, quand d’autres entretenaient les amalgames et la confusion. Indéniablement, quelque chose s’est perdue en chemin, et c’est à nous d’en renouer le fil et le récit.

Il faut aller au plus direct. Il y a des principes qui protègent, et d’autres qui interdisent. La laïcité est un principe qui nous protège. Qui nous protège tous, avec nos différences, avec nos singularités, avec nos croyances ou pas. La laïcité ce n’est pas simplement ce qui nous permet de vivre ensemble, c’est surtout la garantie de vivre en bonne intelligence. Revenons à la loi de 1905, et à la séparation de l’église et de l’Etat. J’en rappelle l’article 1er : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes, sous les seules restrictions édictées ci-après, dans l’intérêt de l’ordre public. »

La laïcité n’est pas une religion de l’anti-religion, pas plus qu’elle ne signifie une société « sans religion ». Elle ne stigmatise pas, ni ne montre du doigt telle ou telle confession. C’est un instrument de concorde, pas de discorde, qui garantit à chacun, le libre exercice des cultes et la liberté de conscience, dans le respect de l’ordre public.

Une volonté et un cheminement historique

Aucune société ne naît laïque, elle le devient, au terme d’une volonté commune des hommes et des femmes, et d’un cheminement historique.

En France bien sûr, Les Lumières et Voltaire, les deux grandes lois du 28 mars 1882 et du 30 octobre 1886, instituant respectivement, dans l’École publique, la laïcité des enseignements et celle des personnels, et bien sûr, la loi de 1905, qui acte la séparation de l’église et de l’Etat. « Nous voulons tous nos privilèges, nos groupes de convictions… La société, c’est un peu la guerre de tous contre tous. L’Etat, c’est-à-dire l’intérêt général, est là pour essayer de pacifier, de coordonner ces tiraillements. Oui, il faut un Etat, pour qu’il y ait une laïcité », explique à juste titre Régis Debray.

Pour être plus clair encore, et plus compréhensible auprès des enfants et des jeunes générations, le philosophe Henri Pena-Ruiz rappelle des évidences qui éclairent le principe de laïcité ,sous un autre angle.

« Avant de nous réclamer de telle ou telle croyance, nous demeurons avant tout des êtres humains, et ce qui nous est commun doit primer sur ce qui vient après, et qui nous différencie ». Et de poursuivre : « C’est pourquoi les élèves, dans les écoles, doivent savoir qu’ils ne sont pas là en tant que catholiques, musulmans, de confession juive ou d’humanisme athée, mais en tant qu’êtres humains ».

Expliquer la laïcité aux plus jeunes, c’est semer l’espoir d’une société ouverte à l’autre, et de l’émancipation, d’une société qui respecte les différences des origines, des couleurs de peaux, des croyances ou pas. C’est devenir indivisible, c’est être uni, au-delà de ce qui nous singularise, et nous distingue. C’est faire société.

Un calendrier de la Laïcité pour l’édition 2021

Déjà neuf ans que la Journée de la Laïcité est inscrite au calendrier des manifestations de notre ville.

Pour cette édition 2021, les délégués départementaux de l’Education Nationale ont proposé aux élèves des écoles vénissianes, et aux élus du CME, de créer le calendrier perpétuel de la laïcité, une façon ludique de revisiter par les arts graphiques, la charte de la laïcité, et une notion qui peut paraître en effet conceptuelle, lointaine.

Expliquer la laïcité à des enfants n’est pas facile. Chaque classe a ainsi réalisé un calendrier, en liant chaque mois de l’année, à un des articles de la charte. Cette année, 416 enfants, 21 classes de 8 écoles différentes, et les élus du conseil municipal enfants, ont participé à cette sensibilisation au principe de laïcité.

Je tiens à adresser tous mes remerciements à Marie-Thérèse Persch, présidente de la délégation de Vénissieux des DDEN, aux inspecteurs et inspectrices de l’Éducation nationale, aux directions, aux enseignants, et à l’ensemble du personnel de nos groupes scolaires. Dans les conditions sanitaires que nous avons connues, le travail effectué tient tout autant de la prouesse, que de la détermination de faire vivre la laïcité, dans notre belle école publique.

Enfin un grand bravo aux enfants, pour l’ensemble de leurs créations et de leurs réalisations, pour la force de leur imaginaire. Leurs calendriers de la laïcité seront exposés à la Médiathèque, du 9 au 17 décembre.

Transmettre et enseigner

Nous faisons tous le pari du temps long, d’une éducation et d’un apprentissage, qui s’enracineront au plus profond des uns et des autres, préalable d’une citoyenneté future. Il faut expliquer, encore et toujours, il faut sensibiliser, encore et toujours, il faut enseigner, transmettre, et faire preuve de pédagogie, encore et toujours. 

Dans le triptyque laïc, qui repose sur l’idée de liberté, sur l’égalité des droits et sur l’universalité, il n’y a pas, comme le disait Victor Hugo, de virgule, mais des traits d’union.

Je vous remercie.    

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