Inauguration de Bizarre !

… un lieu de vie vient de naître, et que des verbes comme « créer, échanger, chercher, innover, transmettre », en forment l’architecture principale…

Inaugurer un nouvel équipement culturel a toujours une portée symbolique, à l’image de tout groupe scolaire, par exemple.

Parce que l’on sait qu’un lieu de vie vient de naître, et que des verbes comme « créer, échanger, chercher, innover, transmettre », en forment l’architecture principale.

Parce que Bizarre s’adresse, en partie, à la jeunesse, situé aux frontières des cultures urbaines, des musiques actuelles et des arts numériques. Je le dis aux jeunes créateurs et au jeune public : emparez-vous de cet outil remarquable, emparez-vous des opportunités et des possibilités qu’il offre, pour faire émerger une expression singulière, une impression artistique, la vôtre !

Un plateau de création de 160 m2 pour les résidences, notamment en danse, et l’accueil de groupes en formation, un espace multimédia, des locaux de répétition, une grande scène, et une vraie présence d’accompagnement des projets et des créateurs, avec une équipe dédiée de 5 personnes. Il y aura des possibles à Bizarre, j’en suis convaincue, des possibles pour se frayer un chemin, parmi la scène de l’agglomération lyonnaise, voire au-delà, c’est en tout cas ce que je souhaite.

Portée symbolique, parce que Bizarre clôt un chapitre, et en ouvre un autre. Petit rappel historique : Bizarre ! est un projet initié par la Ville de Vénissieux, porté par l’idée du réaménagement du Truck, salle de rock dans les années 80, et qui a fermé en 1989.

En 2006, les premières ébauches du Projet Bizarre ! naissent dès le départ, autour de trois axes principaux d’actions : la création / la pratique artistique / la diffusion, autour des esthétiques des cultures urbaines, des musiques du monde, des arts numériques. Le projet est ambitieux : faire la part belle aux esthétiques, issues des cultures du monde, dans la perspective de les soutenir, et d’accompagner amateurs et professionnels, dans leur démarche artistique.

Je tiens à saluer, et à féliciter, l’abnégation des membres et salariés de l’association Bizarre, les équipes de nos services culture et patrimoine, ainsi que celle du Théâtre, pour leur investissement sans relâche.

Depuis dix ans, on se bat pour un projet, désormais reconnu en Rhône-Alpes, reconnu au sein de la Métropole, et soutenu par l’Etat, qui a financé le projet à hauteur d’1,2 millions d’euros, dans le cadre de la dotation de la politique de la ville, et la DRAC, qui a attribué une subvention de 75 000 euros à chacune des 4 structures : le Périscope, le Marché Gare, L’épicerie moderne et Bizarre !

Je remercie nos partenaires de la confiance accordée, une confiance qui se traduit, tant par les artistes (certains issus des résidences ont participé à des sélections du Printemps de Bourges), que par l’ambition du projet. En 2015, 21 ateliers, labo, stages, ont réuni 366 participants, pour 321 heures d’intervention, 15 accueils en résidence ont eu lieu à Bizarre, pour ne citer que quelques exemples parlants.

Portée symbolique, enfin, de notre choix à Vénissieux d’être au côté de la création, de la culture, et plus généralement des sciences humaines. Quand de nombreuses villes en France ont fait le choix d’annuler un festival, de fermer un équipement culturel, nous, nous en ouvrons un ! Fin juin 2015, plus de 200 points de crise (annulation de festival ou autres), étaient recensés sur notre territoire national. En mutualisant nos moyens, à travers une nouvelle régie commune aux deux équipements, le Théâtre et Bizarre, nous continuons, au contraire, de faire avancer la culture à Vénissieux, en parfaite synergie avec l’ensemble de nos équipements.

Nous la faisons avancer, alors que les politiques d’austérité, à l’échelle nationale comme à l’échelle locale, mettent en péril l’ambition culturelle de la France, et la culture populaire de proximité de nos quartiers. La situation est grave, irresponsable même, à la lueur des événements dramatiques de 2015. Face à la haine et à la division, la force qui doit s’y opposer, c’est l’éducation, l’émancipation, la création, et l’ouverture à l’autre. C’est en tout le cas le choix de Vénissieux, à l’image de notre budget, qui consacre 9% à la culture, à l’image de ce nouvel équipement qui ouvre ses portes.

Bizarre ! prend aujourd’hui son envol.

Très bonne nouvelle, il le prend sous le label SMAC, Scènes de Musiques Actuelles, label de l’Etat, via les DRAC, qui vise à développer la présence des musiques actuelles sur les territoires, avec une logique d’aménagement en région. Consolider les structures, accompagner encore davantage les artistes et publics, amplifier les actions communes, nous avons signé avec la DRAC, la Région, et les villes de Lyon et Feyzin, ce label SMAC. Bizarre ! rejoint ainsi le Périscope, le Marché Gare à Lyon, et l’Epicerie Moderne à Feyzin, dans un souci de complémentarité, d’échange et de partenariat, pour faire de la scène de l’agglomération lyonnaise, une scène qui compte en France.

Mettre en commun nos singularités, au lieu de mettre en concurrence les équipements comme les publics, c’est une idée à laquelle je suis attachée, d’autant que Bizarre ! propose une esthétique des cultures urbaines, qui lui est propre.

Il a fallu du temps avant d’arriver à cette inauguration. Dix ans de combat, dix ans à porter ce projet, qui s’est construit en avançant, dix ans à se battre, pour que la création et la jeunesse, entrent en possession d’un lieu qui lui est dédié et destiné, dix ans, tout simplement, à affirmer que la culture est un enjeu vital, au cœur de notre société, au cœur de nos quartiers.

J’invite par ailleurs les Vénissians et les habitants de l’agglomération lyonnaise, à venir découvrir l’équipement, ce samedi 13 février, de 16 heures à 21heures, à l’occasion d’une journée portes ouvertes, où ateliers et concerts gratuits s’enchaîneront.

Alors, bon vent à Bizarre et bon vent à la création contemporaine.

Je vous remercie.

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