Conférence de presse de rentrée 2016

Faire bloc pour faire gagner la liberté, face à la terreur religieuse, pour faire triompher la raison, face à la folie meurtrière. Faire bloc aussi contre les amalgames et les raccourcis, car ce serait entrer dans le jeu de tous les ennemis de la démocratie, de tous les extrêmes.

Depuis mars 2012, 244 personnes ont trouvé la mort en France, dans des attentats lâches, odieux, barbares et injustifiables, perpétrés sur l’ensemble de notre territoire. Montauban-Toulouse, Paris-Montrouge, Villejuif, Saint-Quentin Fallavier, Paris Saint-Denis, Magnanville, Nice, Saint-Etienne du Rouvray. Le nombre de blessés s’élève à plus 600 personnes, avec son lot de familles brisées, d’hommes et de femmes traumatisés à jamais.

Partout, des massacres aveugles, abjects, contre des innocents, contre des citoyens français de toute confession, contre des enfants, contre des représentants de l’ordre républicain. Partout, la même surenchère, comme si le respect de la vie ne signifiait plus rien. Mais derrière cette stratégie de la peur et de la terreur de l’Islam radical, Daech vise avant tout la France, et les valeurs qu’elle incarne : la liberté d’opinion et la laïcité, le vivre ensemble, la cohésion nationale, symbole du 14 juillet, la liberté de mouvement et d’accès à la culture, aux loisirs, aux fêtes populaires.

Notre mode de vie est dans le viseur, celui du Vieux Continent et du monde occidental, ce sont nos libertés, mais aussi les fondations de notre République. C’est aussi l’asservissement de la femme, la négation de son identité, de son corps, de sa liberté, de son autonomie, de son indépendance, qui est en jeu. L’actualité du mois d’août est venue nous le rappeler : la défense des droits des femmes, la défense de la laïcité, forment les piliers d’une société ouverte et tolérante. Nous ne devons pas céder un centimètre, à ce qui nous définit : la liberté de nos convictions, la liberté de croire ou de ne pas croire, sans prosélytisme, la liberté de disposer de son corps. Il faut faire bloc, c’est la seule réponse possible, là où Daech souhaite diviser notre communauté.

Faire bloc pour faire gagner la liberté, face à la terreur religieuse, pour faire triompher la raison, face à la folie meurtrière. Faire bloc aussi contre les amalgames et les raccourcis, car ce serait entrer dans le jeu de tous les ennemis de la démocratie, de tous les extrêmes. A ce titre, les Français ont su faire preuve jusqu’à présent, d’une grande intelligence face à ces actes mortifères, une dignité et une solidarité dans le deuil et l’émotion, qui donnent une image forte, puissante de notre peuple.

Cela aussi, je le retiendrai. Tout comme, je le crois, il convient de ne pas s’habituer, entre guillemets, à la monstruosité de ces attentats, de ne surtout pas les banaliser, par résignation ou impuissance, du fait de leur répétition aux quatre coins de la planète. C’est dans notre capacité à nous émouvoir, à nous toucher au plus profond de nous-mêmes, à faire corps avec les victimes et les familles endeuillées, que nos libertés feront reculer les obscurantismes.   

C’est dans un climat très tendu que cette rentrée s’annonce. Par le contexte dramatique, et la mise en péril des fondations mêmes de notre République et du vivre ensemble, mais aussi par un contexte social, que le gouvernement de Manuel Valls n’a cessé d’aggraver, aussi bien sur le fond que sur la forme. La loi travail en est la triste illustration. La faire adopter à coups de 49-3, en méprisant le parlement, la mobilisation populaire, et le dialogue social et syndical, constitue à mes yeux une faute grave, contraire aux valeurs de gauche, contraire à toute notion de progrès et d’ouverture.

Faute grave car François Hollande n’a pas été élu, pour mettre en œuvre un programme en tout point libéral. La loi Macron, c’est du libéralisme. La loi El-Khomri, c’est du libéralisme. En quoi faciliter les licenciements, alors que votre entreprise ne connaît pas de difficultés économiques, voire réalise des bénéfices, contribuera à lutter contre le chômage ? En quoi le contournement des délégués syndicaux, à travers le référendum d’entreprise, permettra-t-il de mieux protéger les salariés ?

Enfin, l’inversion de la hiérarchie des normes est une vraie atteinte au code du travail. Que l’accord d’entreprise devienne prioritaire pour les règles applicables aux salariés, en se substituant à la loi, c’est octroyer plus de pouvoir au patronat, et accroître encore un peu plus la pression sur le monde du travail. Dans la mesure où, selon le texte, la loi ne s’appliquera que lorsqu’il n’y a pas d’accord d’entreprise ou de branche, chaque entreprise imposera ses propres règles aux salariés, créant une inégalité de statuts et de conditions de travail, sans précédent.

Je pourrais continuer sur la modulation du temps de travail, et le pouvoir quasi unilatéral de l’employeur à ce sujet, sur cette notion à peine voilée de licenciement préventif, pour affirmer que cette loi désintègre les acquis sociaux, et est contraire aux valeurs de progrès que la gauche a portées, tout au long de son histoire et de ses combats.

J’aimerais que l’on m’explique, comment des conditions de licenciement plus souples, vont favoriser les embauches, et la lutte contre le chômage. Le contresens est historique.

Enfin, c’est toujours et encore à l’encre du libéralisme, que le gouvernement socialiste a sabordé, avec son pacte de responsabilité, et je pèse mes mots, les politiques de proximité des collectivités locales. Là encore, le contresens est historique, contraire aux attentes des Français, qui n’ont jamais eu autant besoin des services publics, pour faire face aux crises. Crise du logement, crise du pouvoir d’achat, crise de la précarité et du chômage, crise de l’accès aux soins, crise civique et morale. En réponse, on a affaibli comme jamais, les politiques sociales, éducatives, sportives, culturelles, qui rapprochent les habitants, les quartiers, qui renforcent l’appartenance à une ville.

Le résultat, au nom de la rentabilité, est désastreux : 1 500 à 3 000 communes dans l’incapacité, fin 2015, d’équilibrer leurs budgets ; de très nombreuses villes surendettées, certaines en quasi faillite, et avec cette prévision que 2 communes sur 3, en France, risquent d’être dans le mur dès 2017 ! Pour les habitants, c’est une piscine municipale qui reste fermée l’été, un festival annulé, des rénovations d’équipements reportées, des prestations a minima.

Toutes les villes, mais plus particulièrement les villes populaires, sont soumises à des choix cornéliens, et contraintes de réduire leurs investissements, pourtant au service de l’intérêt général, et de l’économie de proximité. Nous n’échappons pas à la règle, mais la solidité de notre budget nous permet, malgré tout, d’avancer.

En cette rentrée 2016, à Vénissieux, les choix de notre majorité, eux, n’ont pas changé. Nous restons fidèles à nos engagements, et à nos valeurs de gauche, de solidarité et de justice sociale, de laïcité et de vivre ensemble. Malgré la perte de 6 à 7 millions de notre budget, d’ici 2017, liée à la chute des dotations de l’Etat, nous faisons front et gardons le cap.

Je voudrais dans un premier temps saluer le travail de tous les membres de la majorité municipale, déterminés et courageux. Les féliciter aussi, car jamais l’asphyxie des finances locales n’a été aussi forte, et malgré ce contexte très difficile et sans précédent, ils font avancer Vénissieux dans tous les domaines, à l’image de nos services et de nos agents. Le choix de défendre nos services publics de proximité, d’en faire notre force et notre patrimoine commun, est payant. Il porte, en cette rentrée 2016, le nom de Flora Tristan. Le 21ème groupe scolaire de Vénissieux a ouvert ses portes, il y a tout juste une semaine. 380 élèves, répartis dans 16 classes, ont investi les lieux, modernes, équipés, au service du savoir, des enfants et des équipes enseignantes.

C’est le plus gros investissement du mandat municipal, à hauteur de 14 millions d’euros. Mais ce que je veux retenir avant tout, c’est notre fierté de nous inscrire, dans le prolongement et la continuité des politiques éducatives, menées ici depuis des dizaines d’années. Investir pour l’avenir de nos enfants, investir pour notre grande et belle école publique, gratuite, laïque, l’école de Jules Ferry et de l’égalité des chances, c’est un choix fort, un choix dont la majorité municipale peut être fière.

Cette ouverture permet également de soulager les écoles du Centre, Gabriel-Péri et Charles Perrault. Globalement, les effectifs continuent d’augmenter fortement à Vénissieux, 9 400 écoliers cette année, contre 9100 en 2015. Toutes les villes des grandes agglomérations sont confrontées à cette situation.

Je peux citer Lyon à Gerland, dans le 9ème arrondissement, à Vaulx-en-Velin, Villeurbanne, Saint-Fons, Saint-Priest, etc. Nous ne sommes pas les seuls à devoir pousser les murs, si j’ose dire, ce qui rend les procès d’intention en mauvaise gestion qui nous sont adressés par l’opposition, inappropriés et à côté de la plaque. Pour finir au sujet de la rentrée scolaire, je me félicite de l’ouverture d’une classe expérimentale, dans le cadre du plan autisme du gouvernement, à Anatole France, et de la création d’un nouveau service de restauration, par système de self-service à Max-Barel. Comme chaque été, nos services ont œuvré, pour que les enfants et enseignants effectuent une bonne rentrée.

L’année qui s’ouvre sera placée sous le signe de la concertation et du dialogue, avec les Vénissians. Je tiens plus que tout à cette proximité avec les habitants, qui ont leur mot à dire, qui sont des acteurs à part entière de notre développement. Du 5 octobre au 23 novembre, les conseils de quartiers tiendront leurs assemblées générales. C’est l’occasion pour tous les habitants, de parler des problèmes du quotidien, des aménagements à envisager, et de lever les interrogations, au sujet des grands projets d’urbanisme que la ville porte.

Autre rendez-vous : le PLU-H, dont la phase de concertation se poursuivra en 2017, et le Puisoz fera bien sûr partie des sujets débattus avec les riverains. Profitons du temps qui nous est offert, pour faire avancer ce grand programme urbain, comme la ville de Vénissieux l’a anticipé, dans le cadre de la convention PUP (projet urbain partenarial), passée avec les opérateurs et la métropole.

Les premiers travaux de voirie, d’accessibilité, ainsi que les fondations des deux grandes enseignes, seront lancés dans l’année. Le Puisoz est déjà une formidable locomotive pour notre territoire, en termes d’activités économiques, d’opportunités d’emplois, et de valorisation de Vénissieux au cœur de l’agglomération lyonnaise.

Même ambition en ce qui concerne notre politique de logement. Des programmes forts vont se matérialiser et se poursuivre en 2017, comme la livraison de l’îlot B Vénissy, ou encore les résidentialisations et constructions d’Armstrong. Les réhabilitations des Résidences Edouard Herriot et le Couloud sont actées.

Enfin, vous le savez, dans le cadre du Programme National de Renouvellement Urbain, les barres de Monmousseau et de la Tour 36 vont être démolies. Depuis mars dernier, nous avons engagé un important travail, et donné le coup d’envoi avec l’ensemble des locataires, de la phase de relogement, qui s’étalera sur trois ans. Je reste très vigilante sur ce point : le projet urbain doit être lié, et mené de pair avec le projet social, c’est la condition indispensable, d’une rénovation aboutie et réussie. Tout comme je suis fière de la livraison des 22 maisons de la Glunière, début 2017, preuve s’il en est, que le logement à Vénissieux reste avant toute chose, une question de solidarité et de dignité.

Je rappelle que ce programme de logements adaptés concerne des familles de Gens du voyage, installées dans notre commune depuis 1988.

Pour clore le sujet, je répondrai à Gérard Collomb, pour lequel il conviendrait de ne plus construire plus de 50% de logements sociaux. En maniant l’ironie, j’ai envie de lui dire, ça tombe bien, nous sommes d’accord avec les 50% ! La ville ne fait pas du pourcentage de logement social, un enjeu en soi, mais entend répondre, tout simplement, à la demande des familles, qui veulent des logements diversifiés, dont du logement social de qualité ! Ce que ne dit pas le président de la Métropole, c’est que l’on nous annonce dans le PLU-H, un maximum de 100 logements sociaux par an, sur une prévision de 400, soit 25%, voire moins, dans la mesure où la barre des 400 constructions sera dépassée. Moins de 25%, Gérard Collomb mesure-t-il réellement l’urgence sociale du moment, ou entend-il laisser faire les promoteurs privés ? Dans tous les cas de figure, nous continuerons de maîtriser le développement urbain sur l’ensemble de notre territoire, condition nécessaire pour que les Vénissians ne se sentent pas dépossédés de leur propre ville.

Enfin, en matière de diversification des parcours résidentiels, qui fait le succès depuis des années de notre politique de logement, nous n’avons pas, je le crois, de leçon à recevoir !

Oui, 2016-2017 sera une année d’échanges avec les Vénissians, et de débats avec la Métropole. Ce travail a été amorcé, à travers la manifestation d’intérêt du pacte de cohérence.

Je rappelle que sur les 21 propositions, nous avons estimé que 10 compétences, sous la forme d’une délégation de la commune vers la Métropole, ou de la Métropole vers la commune, ou bien encore par le rapprochement des services, allaient dans le bon sens. Nos préalables sont clairs et intangibles : servir les habitants, servir l’intérêt général, et construire une Métropole de la proximité, de l’expression démocratique et de la citoyenneté, et non une Métropole de la technocratie et de la rentabilité. Partir de l’habitant, du terrain, des singularités de nos territoires, partir de la base de la République, le socle des communes, pour que Vénissieux occupe la place qui est la sienne, comme ce fut le cas au Grand Lyon, et comme ça le sera au cœur de la Métropole : tel est notre état d’esprit, qui n’a pas changé, et ne changera pas, vous pouvez compter sur notre majorité !

Malgré une chute des finances locales sans précédent, liée à la politique gouvernementale, notre ville continue d’avancer, en faisant preuve de cohésion, de détermination, de responsabilité et d’exigence.

Tout le monde apporte sa pierre à l’édifice, les élus de la majorité, mais aussi les services et les agents, compétents et présents sur le terrain, et dans tous les quartiers. Cette solidarité dans l’effort, comme dans le partage de l’élan vénissian, est le gage de notre réussite. Il faut la poursuivre et la prolonger, toujours au service des habitants et de l’intérêt général. 2017 sera une année électorale clé, capitale même pour notre pays, et pour les journalistes que vous êtes, l’actualité ne devrait donc pas manquer. A vous de la mettre en perspective, de lui redonner du sens et de la profondeur, tâche plus compliquée qu’il n’y paraît, à l’heure de l’info-spectacle et des réseaux sociaux.

Avant de répondre à vos questions, je souhaite à l’ensemble de votre profession, une très bonne rentrée 2016.

Je vous remercie.

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