Présentation des vœux aux associations et personnalités

Voeux de Michèle Picard, maire de Vénissieux, aux associations et personnalités from Michèle Picard on Vimeo.

 

L’année 2015 a commencé par un drame horrible, sans nom, un drame qui doit interroger chacun de nous, car c’est une part de nos libertés qui nous a été retirée, dans les locaux de Charlie Hebdo. Une liberté que des humanistes, des artistes, munis d’une gomme et d’un crayon, faisaient vivre chaque semaine, en nous faisant rire, en nous interpellant, en nous rendant plus intelligents.

Le peuple français a fait preuve, tout au long des événements, et lors de la marche du 11 janvier, d’une dignité exemplaire et remarquableUn peuple uni, diversifié, blessé, mais debout, oui, debout contre la haine absolue, contre la bêtise humaine, contre la barbarie du fanatisme religieux. Il a montré son attachement collectif aux valeurs républicaines : la liberté, la solidarité, l’égalité, l’altérité et la laïcité, garde-fou contre les intolérances. 17 personnes ont été massacrées parce qu’elles représentaient la liberté d’expression, parce qu’elles représentaient l’ordre républicain, parce qu’elles étaient juives. Un cauchemar au cœur de notre société, un cauchemar de plus, après Toulouse, après Bruxelles…

Je voudrais aussi rendre hommage à la police nationale et municipale, qui a fait preuve de courage et de sang-froid, mais qui paye à nouveau un lourd tribut, là encore, pour nos libertés.

Dans ce combat de la vie contre la mort, de la démocratie contre la terreur, les Français ont répondu présent, ce dont je n’ai jamais douté. Nous avons gagné ensemble le temps de l’émotion, le temps de l’empathie, le temps de l’unité républicaine. Nous avons gagné une bataille, pas la guerre qui a été déclarée, aux valeurs qui fondent notre démocratie.

Les libertés qui ont été attaquées, pendant ces trois jours d’horreur, doivent alimenter nos réflexions collectives, et surtout nos réponses républicaines. Ne pas céder à la peur, ne pas céder aux amalgames, ne pas céder à la division que ces barbares veulent nous imposer.

Ne pas céder aux discours de rejet et de haine du Front National, que de tels événements servent. Nous le savons, les auteurs de ces massacres abjects ne représentent pas l’islam, que la très grande majorité des pratiquants, exerce dans la dignité et le respect. Nous le savons, mais cela va mieux, en le disant.

Les actes criminels à Villefranche, et les inscriptions racistes à la mosquée de Givors, nous appellent à la vigilance : l’islamophobie doit être combattue avec fermeté, car les principes républicains ne sont pas à géométrie variable, ils s’appliquent à tous !

Il nous faut aujourd’hui nous interroger, nous interroger sur ce qui fait que des jeunes français, des jeunes du monde occidental, se radicalisent. Avons-nous, ces dernières années, défendu la laïcité à la hauteur du socle de tolérance qu’elle nous offre, qu’elle rend possible, parmi nous et entre nous ? Non, et je crois à ce titre, que l’incendie des bureaux de Charlie Hebdo, gravissime et intolérable, en novembre 2011, aurait dû susciter une plus forte indignation.

La laïcité n’est pas un vague concept que chacun accommode à sa propre sauce, la laïcité n’est pas une option spirituelle parmi d’autres. « Elle est, comme le dit Régis Debray, ce qui rend possible la coexistence, car ce qui est commun en droit à tous les hommes, doit avoir le pas, sur ce qui les sépare en fait ». Et bien cette laïcité, elle doit être défendue au quotidien, dans tous les quartiers de nos villes, et sur l’ensemble de notre territoire républicain.

Ce combat pour la tolérance, le respect entre croyants, et entre croyants et non croyants, nous le gagnerons avec tous les citoyens, avec toutes les associations, avec toutes les communautés religieuses qui, et nous le savons, entendent pratiquer l’exercice de leur culte, dans la tolérance.

En inscrivant dans notre plan de mandat la création d’une commission sur la laïcité, notre majorité a anticipé et montré, que cette question centrale du vivre ensemble, est devenue prioritaire. Il y a des principes qui interdisent, et des principes qui protègent. La laïcité est un principe qui protège, et nous avons un réel travail pédagogique à engager, pour mieux l’expliquer.

Qu’a demandé cette France unie du 11 janvier ? Elle a demandé à vivre, encore et toujours, en République, à vivre libre, à vivre éclairée.

J’entendais, lundi dernier, Régis Debray analyser les événements épouvantables que nous avons vécus. A force de briser les services publics, de briser les lieux collectifs d’échanges et d’idées, de casser le tissu productif de notre pays, de laisser à l’abandon des quartiers entiers, nous avons créé une société du vide. Si l’Etat et le bien collectif ne proposent plus de services pour l’intérêt de tous, alors chacun va se servir pour son propre intérêt : les affairistes en faisant main basse sur l’argent, les intégristes en radicalisant les esprits les plus fragiles.

On a cogné sur l’Éducation nationale pendant plus de dix ans, et on s’étonne que des jeunes aient perdu tout sens des valeurs. Au nom de l’austérité, on tape aujourd’hui sur les politiques culturelles, sur les aides au milieu associatif, et on va s’étonner demain que le vivre ensemble, en sorte affaibli ?

Je ne minimise pas la responsabilité des islamistes radicaux, dans cette bascule vers la haine, ni le rôle des réseaux sociaux dans cette propagation de la barbarie, mais je sais que le libéralisme destructeur actuel, porte en lui les germes de cette violence aveugle.

Des jeunes français ont tiré sur des Français, au nom de Dieu, en 2015, ils sont, quoi qu’on en dise, les enfants de notre société, c’est dire, si notre réponse collective doit être à la hauteur d’un défi sans précédent. Redonnons du sens et de l’espoir à cette jeunesse désemparée, perdue, à cette jeunesse sans repères.

Oui, nous voulons tous la République, alors nous voulons des services publics debout, alors nous voulons une éducation nationale debout, alors nous voulons des sciences humaines debout, alors nous voulons des politiques sociales, culturelles et d’intégration debout.

Oui, nous voulons tout simplement les moyens de notre République, une et indivisible !

J’ai envie de dire à chacun de vous, ce n’est pas le moment de baisser les bras, ni de céder un seul centimètre de nos envies, de nos libertés, de nos mouvements, de nos rires, face à la terreur ou à la peur. Cessons déjà de nous définir uniquement par la religion, mais plutôt par nos cultures, par toutes ces différences qui sont venues enrichir l’histoire de la France.

Vénissieux est une ville du vivre ensemble et de la diversité, elle le restera, et c’est le moment de le dire haut et fort, à tous les Vénissians.

Nous ne devons laisser personne de côté, ni la jeunesse, ni nos aînés, ni les plus fragiles, ni les forces créatrices de nos quartiers. Notre cohésion est notre force et notre avenir. Le temps est venu de redonner du souffle et un sens, à un projet de société en commun.

Légitimée par sa victoire en mars dernier, l’équipe municipale, soudée, déterminée, ne lâchera rien sur les valeurs progressistes qu’elle défend. Elle ne lâchera rien non plus, sur sa volonté de poursuivre l’essor de notre ville, et de le faire partager dans tous les quartiers, au profit de tous les habitants. Car notre majorité a un cap, il s’appelle l’intérêt général. Car notre majorité a un plan de mandat, et pas un plan de dénigrement, systématique et pour le moins stérile. Ce n’est pas en critiquant tout et n’importe quoi, que l’on fera avancer la cause de Vénissieux et des Vénissians. Car notre majorité, quel que soit l’avis du conseil d’Etat, est déjà au travail et sur le terrain, depuis dix mois.

Elle sert une ambition collective, pas de petites ambitions personnelles. Plus les attaques seront basses, et plus elle fera bloc, plus elle sera unie. Elle est au travail avec les habitants, avec les institutions, avec les acteurs économiques, avec le milieu associatif, sportif et culturel.

La dynamique vénissiane, elle est aussi la vôtre, et je voudrais saluer l’investissement et l’engagement, dont vous faites preuve tous les jours pour notre ville.

Vous le savez, notre travail s’inscrit dans le cadre des politiques d’austérité que Bruxelles a décrétées, et sur lesquelles le gouvernement français s’est aligné. Les coupes drastiques sans précédent, qui frappent toutes les collectivités locales, vont ajouter de la crise à la crise. Elles vont doublement pénaliser les habitants, dans leur pouvoir d’achat, déjà touché de plein fouet, et dans leur quotidien. Au final, elles risquent d’asphyxier toute forme de relance économique, et de fragiliser de nombreuses entreprises. C’est ce que j’appelle une politique contre productive, un remède pire que le mal, que de nombreux économistes dénoncent déjà.

Concrètement, cette austérité infligée aux collectivités est synonyme d’une perte de 7 millions d’euros d’ici 2017, pour le budget de la ville de Vénissieux. Que représentent ces 7 millions d’euros ? Ni plus ni moins qu’un demi-groupe scolaire !

Les collectivités territoriales assurent plus de 70% de l’investissement public. Que va coûter l’austérité ? En 2014 et 2015, la Banque Postale a estimé le recul des investissements des collectivités territoriales à 15% ! Par ricochets, les entreprises et le BTP vont subir une baisse de croissance de 0,2% de leurs carnets de commandes.

Pour l’aménagement du territoire, pour l’emploi de proximité, pour les politiques culturelles, sociales, sportives, déjà touchées dans bien des communes, pour toutes les politiques de proximité et le milieu associatif, l’enjeu est considérable.

Si la commune perd sa capacité à rester un levier du vivre ensemble, un levier de la croissance, nous allons déstabiliser et affaiblir en profondeur, la continuité territoriale du pacte républicain, dans un contresens, là encore, historique. La commune, c’est le socle de la République, que la création de la Métropole ne doit pas remettre en cause.

Mes craintes sont grandes pour les citoyens, de voir les centres de pouvoir s’éloigner un peu plus encore, de leurs réalités, de leur quotidien, et de leur droit aussi à intervenir, dans les processus de réflexion. L’aménagement de leur quartier, de leur cadre de vie, ne peut être envisagé sans l’interaction de la proximité.

Vénissieux a occupé toute sa place dans le Grand Lyon, elle le fera dans le cadre de la Métropole. Je ne m’oppose pas frontalement à la mutualisation de certaines missions, mais je serai très vigilante, quant à l’équilibre du pouvoir, entre la ville-centre et les villes-périphérie. Il est faux de croire que la Métropole résoudra tout, en un claquement de doigts.

L’austérité frappe toutes les villes de l’agglomération, elle va frapper aussi la Métropole. Des projets d’équipement structurant vont être ajournés, voire enterrés, tandis que des missions, qui touchent au quotidien des habitants, vont être rognées. Deux exemples récents pour étayer mon propos : la mise en veille du projet de la pré fabrique opéra, après le retrait du financement de Lyon, et l’enveloppe des travaux de voirie du Grand Lyon 2015, en baisse de 15% pour la ville de Vénissieux.

Mais Vénissieux résiste, car c’est son histoire, c’est son identité. Elle résiste sur ce qu’elle estime essentiel : la qualité de ses services publics de proximité. Pour la petite enfance, priorité de nombreux parents : la crèche Saperlipopette sera inaugurée fin janvier, avec la création de 12 places supplémentaires, portant le nombre total de places d’accueil à 24. 80 familles sont désormais utilisatrices de la structure, contre 30 auparavant.

Les constructions du nouveau groupe scolaire du Centre et de la nouvelle cuisine centrale, sont actées. Elles illustrent notre volonté de garder une maîtrise publique d’enjeux aussi importants, que l’éducation et la santé.

Le Centre Nautique Intercommunal, qui manquait cruellement aux sportifs, mais aussi à tous les Vénissians, ouvrira ses portes cet été. Quatre ans après l’incendie criminel, quatre ans après l’émotion sincère des habitants, devant ces actes stupides et irresponsables, les enfants, les familles, les sportifs, vont retrouver leur équipement public, un lieu de mémoire partagé par toutes les générations.

J’insiste sur ce point : brûler un bâtiment n’est pas anodin (et je pense à l’EPJ Moulin-à-Vent), c’est un acte grave et répréhensible, qui pénalise en premier lieu, l’ensemble des Vénissians.

L’intérêt général, il est au cœur de notre plan de mandat, et il est concret : depuis le 1er janvier, le passage à plus de 50% d’énergies renouvelables de notre chauffage urbain, a permis la baisse de la TVA de 19,6 à 5,5, pour les 11 700 usagers du réseau.

Nous agissons aussi pour l’emploi. L’arrivée du laboratoire Carso, avec plus de 550 emplois à la clé, et l’ambition annoncée d’atteindre le nombre de 700 salariés dans les prochaines années, illustre l’attractivité retrouvée de notre ville. Nous allons par ailleurs signer la charte de coopération, entre la ville de Vénissieux et des entreprises présentes sur notre territoire, lors de nos prochaines journées Forum, Emploi Industrie-BTP-Environnement. L’objectif : créer des passerelles et rapprocher les jeunes vénissians du monde du travail.

D’autres projets, en cours de réalisation ou à venir, sont déjà lancés, et je voudrais très sincèrement, au nom de tous les Vénissians, remercier chacun d’entre vous, pour votre contribution à la dynamique incontestable de Vénissieux.

L’année 2014 a été chargée en émotions. Nous avons perdu un membre de notre belle et grande famille des services publics, Yassine Zobiri, policier municipal, mort dans l’exercice de ses fonctions, pour le droit à la sécurité. Nous avons perdu un homme d’écoute, un humaniste, un communiste, apprécié de tous, auquel les Vénissians ont rendu un vibrant hommage, Guy Fischer. Vénissieux ne les oublie pas.

Nous venons de porter ensemble, un message fort pour la tolérance, pour la laïcité, pour une République unie et indivisible, pour le vivre ensemble. Cet espoir formidable, puissant, doit nous accompagner, tout au long de l’année, dans nos initiatives, dans nos actions, dans nos rêves, parmi nos proches, parmi nos collègues et amis.

C’est beau et c’est une chance unique de construire, jour après jour, une ville plus humaine, plus solidaire, plus agréable à vivre et à partager. Nous aimons Vénissieux et les Vénissians, comme nous aimons le pacte républicain. Arrêtons de dénigrer notre pays, arrêtons ces discours défaitistes et cyniques, les valeurs de respect, de progrès social que nous incarnons, et le travail que chacun de nous mène ici, doivent nous rendre courageux, solidaires et optimistes.

Défendre le vivre ensemble, défendre la diversité, défendre nos différences de culture, pour en faire une force, c’est notre histoire, c’est l’histoire de Vénissieux, et nous pouvons en être fiers.

« L’humour est le plus court chemin d’un homme à un autre », disait Georges Wolinski. C’est avec ces mots fraternels, et ce trait d’esprit d’un libre penseur, que je vous souhaite à tous et à toutes, une très bonne année 2015.

Je vous remercie.

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